Usurpation d'identité : prévenir et réagir

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Carte d'identité voléeAvec l'accroissement des échanges sur internet, les usurpations d'identités ont explosé ces dix dernières années, avec parfois des conséquences catastrophiques. Selon un sondage CSA ce ne sont pas moins de quatre cent mille personnes en France qui en ont été victimes, soit 8% des français. Selon les spécialistes de la criminalité identitaire, cette forme de délinquance est en passe de devenir la deuxième infraction en France devant les cambriolages et derrière le vol de véhicule. [...]

 L'usurpation d'identité est le fait d'utiliser l'identité d'une autre personne pour réaliser des actions frauduleuses commerciales ou civiles, accéder aux finances de la victime ou commettre en son nom un délit, ou accéder à des droits sociaux de façon indue. Pour les victimes d'usurpation d'identité c'est une véritable spirale infernale qui s'abat sur eux: amendes et poursuites judiciaires pour des infractions commises par l'usurpateur, interdiction bancaire pour des comptes ouverts en leur nom, demande de remboursement de prestations sociales perçues indûment par l'usurpateur, avis de saisie d'huissiers et parfois même des menaces physiques de la part d'autres personnes que l'usurpateur a escroqué en se faisant passer pour sa victime.

1- Prévenir l'usurpation d'identité

Si aujourd'hui de nombreux français sont conscients de cette menace et ont pris pour habitude de détruire les documents sensibles avant de les mettre à la poubelle, ils restent malheureusement encore nombreux à être moins méfiants lorsqu'il s'agit d'internet. Les sites communautaires d'échanges sont le lieu où sévissent la plupart des usurpateurs: leBonCoin, Ebay, VivaStreet, etc.

Le procédé est toujours le même et il est important de le connaître afin d'identifier rapidement les manoeuvres de ceux qui tenteraient de vous manipuler:

Etape 1:
 Obtenir votre identité
L'usurpateur publie une annonce anodine de location (ex: studio), de vente (ex: voiture) à un prix en général très attractif, voire même une offre d'emploi bien rémunérée. Et lorsqu'une victime se montre intéressée, l'usurpateur va alors demander à se faire envoyer des documents tels que la copie d'une pièce d'identité et éventuellement un justificatif de domicile. Si la victime rechigne à fournir ces documents, l'usurpateur peut même avoir le culot d'envoyer, soit disant, ses propres documents pour mettre la victime en confiance... mais bien entendu ces documents sont en réalité ceux d'une précédente victime.

Etape 2: Utiliser votre identité
Que peut faire un usurpateur une fois qu'il a obtenu la copie des documents que sa victime lui a bien gentiment envoyée ? Et bien à peu près n'importe quoi sur internet, comme ouvrir un compte en banque en ligne et plus généralement souscrire des services financiers qui nécessitent l'envoi d'une copie de pièce d'identité et d'un justificatif de domicile (cartes prépayées par exemple). Pour mettre davantage en confiance, il va systématiquement créer une adresse email bidon au nom de sa victime, comme par exemple Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Grâce à cela il va même pouvoir mettre en confiance et escroquer d'autres victimes en se faisant passer pour vous... Et ses victimes pourraient du coup porter plainte contre vous pensant que vous êtes la personne qui a encaissé leur argent sans leur avoir envoyé l'objet ou fourni le service qui leur avait été promis. 
Grâce aux cartes bancaires prépayées, un mode opératoire nouveau est apparu. Les documents usurpés permettent aux usurpateurs d'activer des cartes en mode premium (plafonds maximum) et de demander à leurs victimes, en guise de paiement, de charger ces cartes avec des coupons recharges ou avec des virements. Une fois l'argent reçu, il est intégralement retiré dans un distributeur de billets. Les victimes ne recevront jamais ce pour quoi elles pensent avoir payé. Et il leur sera impossible de remonter jusqu'aux véritables escrocs car la piste s'arrêtera à la personne dont l'identité à été usurpée.

Le pire c'est que les usurpateurs se repassent indéfiniment entre eux les identités usurpées, et les victimes peuvent continuer à être impliquées malgré elles pendant dix ou quinze ans !

Pour noircir encore le tableau, il faut se rendre à l'évidence que le dépôt de plainte n'est pas suffisant pour mettre un terme à cet enfer vécu par 8% des français. Premièrement parce que les usurpateurs opèrent depuis l'étranger, hors de la juridiction de la police française (certains pays de l'Afrique de l'Ouest se sont fait une spécialité dans cette discipline, notamment la Côte d'Ivoire). Deuxièmement parce que la police ne rend pas publics les cas d'usurpation d'identité si bien qu'aucun établissement financier et aucun particulier n'est en mesure de savoir si les documents qui lui sont fournis ont fait l'objet d'une plainte pour usurpation d'identité. Du coup, ils continueront à accepter les documents usurpés pendant toute leur durée de validité: 10 ans pour un passeport et 15 ans pour une carte d'identité !

Les bonnes pratiques:

  1. Ne jamais fournir une copie de ses documents d'identité à quelqu'un que vous ne connaissez pas personnellement ni à une société en laquelle vous n'avez pas une entière confiance. Idem pour les justificatifs de domicile (EDF, Téléphone, Impôts, etc.)
  2. Toujours s'assurer que la personne ou la société à laquelle vous envoyez vos documents est bien celle qu'elle prétend être. Certains usurpateurs essaient de se faire passer pour une société reconnue avec des adresses emails bidonnées comme par exemple: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Bien évidemment ni la Banque Postale, ni Orange n'utilisent des adresses se terminant par @yahoo.com ou @gmail.com. Elles ont leur propre nom de domaine (partie à droite du @) en @orange.fr ou @labanquepostale.fr. En cas de doute, rendez-vous sur le site officiel et appelez le service client pour vérifier que l'adresse email est la bonne. Ou mieux, téléchargez directement les documents sur leur site si cette option est disponible.
  3. Si un particulier vous envoie ses propres documents d'identité afin de vous mettre en confiance, vérifiez donc que ces documents n'ont pas fait l'objet d'une déclaration d'usurpation d'identité sur un site comme Minerva Check ID (www.minerva-edips.org).


2- Réagir à l'usurpation d'identité

Malgré toute les précautions que vous prendrez pour éviter de vous faire voler votre identité, il est possible que vous tombiez un jour ou l'autre dans le piège d'un usurpateur plus doué que les autres. Un courrier postal vous indiquant la bonne prise en compte de votre inscription à un service totalement inconnu, est un signe qui doit vous alerter. De même une amende pour une infraction que n'avez pas commise doit vous faire réagir sans délai. Mais comment bien réagir lorsqu'on se fait usurper son identité ? 

Etape 1: Déposer plainte
Il va s'en dire que cette étape est absolument incontournable, notamment pour justifier de votre bonne foi lorsque les ennuis commenceront à venir faire la queue devant votre porte. Il faudra idéalement annuler votre pièce d'identité usurpée et en demander une nouvelle. Rendez-vous au commissariat de police ou à la gendarmerie la plus proche pour déposer plainte contre X pour usurpation d'identité.

Etape 2: Signaler l'usurpation d'identité
Cette deuxième étape vise à prévenir les organismes concernés que vous n'avez pas souscrit ou bénéficié de tel ou tel service, qu'une plainte pour usurpation d'identité a été déposée et que vous souhaitez la résiliation immédiate de tout contrat. Et pour empêcher l'usurpateur de continuer à utiliser votre identité auprès de nouveaux organismes, il est également conseiller de déclarer l'usurpation de votre identité sur un site communautaire de lutte contre l'usurpation d'identité comme Minerva Check ID (www.minerva-edips.org). Ainsi tous les organismes qui utilisent ce site pour vérifier les usurpations d'identité verront immédiatement qu'ils doivent effectuer des contrôles renforcés avant d'accepter l'inscription de quelqu'un qui prétend être vous. 

3 - Un délit puni de deux ans de prison

90% des français pensent, à juste titre, qu'il est compliqué de faire valoir ses droits lorsqu'on est victime d'une usurpation d'identité. Et ce malgré les récentes avancées de la Loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité Intérieure, qui reconnaît l'usurpation d'identité comme infraction principale et prévoit de la punir d'une peine de deux ans de prison et d'une amende de 20.000€. 

Dans la vie quotidienne, la transmission de données personnelles est un passage obligé pour louer un appartement, postuler à un poste, ouvrir un compte ou souscrire un abonnement. Environ 78 % des Français déclarent d'ailleurs avoir fourni au moins une copie papier de leurs données personnelles au cours des douze derniers mois et 55 % ont transmis ce type d'information via internet. La protection des données sur la toile est d'ailleurs considérée comme moins sûre pour 77 % des sondés.

Soyez donc toujours extrêmement prudent lorsque vous devez transmettre des données personnelles, et surtout si vous devez le faire en ligne.

 

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